Wir geben hier den Artikel Gloire (Ruhm) aus der ersten Ausgabe des Philosophischen Wörterbuchs von 1764 in französischer Sprache wieder.
Ben-al-Bétif, ce digne chef des derviches, leur disait un jour: « Mes frères, il est très bon que vous vous serviez souvent de cette sacrée formule de notre Koran, au nom de Dieu très miséricordieux; car Dieu use de miséricorde, et vous apprenez à la faire en répétant souvent les mots qui recommandent une vertu sans laquelle il resterait peu d’hommes sur la terre. Mais, mes frères, gardez-vous bien d’imiter des téméraires qui se vantent à tout propos de travailler à la gloire de Dieu. Si un jeune imbécile soutient une thèse sur les catégories, thèse à laquelle préside un ignorant en fourrure, il ne manque pas d’écrire en gros caractères à la tête de sa thèse Ek allah abron doxa: ad majorem Dei gloriam. Un bon musulman a-t-il fait blanchir son salon, il grave cette sottise sur sa porte; un saka porte de l’eau pour la plus grande gloire de Dieu. C’est un usage impie qui est pieusement mis en usage. Que diriez-vous d’un petit chiaoux qui, en vidant la chaise percée de notre sultan, s’écrierait: « A la plus grande gloire de notre invincible monarque? » Il y a certainement plus loin du sultan à Dieu, que du sultan au petit chiaoux.
Qu’avez-vous de commun, misérables vers de terre, appelés hommes, avec la gloire de l’Être infini? Peut-il aimer la gloire? peut-il en recevoir de vous? peut-il en goûter? jusqu’à quand, animaux à deux pieds, sans plumes, ferez-vous Dieu à votre image? Quoi! parce que vous êtes vains, parce que vous aimez la gloire, vous voulez que Dieu l’aime aussi! S’il y avait plusieurs dieux, chacun d’eux peut-être voudrait obtenir les suffrages de ses semblables. Ce serait là la gloire d’un dieu. Si l’on peut comparer la grandeur infinie avec la bassesse extrême, ce dieu serait comme le roi Alexandre ou Scander, qui ne voulait entrer en lice qu’avec des rois. Mais vous, pauvres gens, quelle gloire voulez-vous donner à Dieu? Cessez de profaner ce nom sacré. Un empereur, nommé Octave Auguste, défendit qu’on le louât dans les écoles de Rome, de peur que son nom ne fût avili. Mais vous ne pouvez ni avilir l’Être suprême, ni l’honorer. Anéantissez-vous, adorez, et taisez-vous.
Ainsi parlait Ben-al-Bétif, et les derviches s’écrièrent: « Gloire à Dieu! Ben-al-Bétif a bien parlé.