Wir geben hier den Artikel Superstition – Aberglaube aus der ersten Ausgabe des Philosophischen Wörterbuchs von 1764 in französischer Sprache wieder.
Presque tout ce qui va au delà de l’adoration d’un Être suprême, et de la soumission du coeur à ses ordres éternels, est superstition. C’en est une très dangereuse que le pardon des crimes attaché à certaines cérémonies.
Et nigras mactant pécudes, et Manibu’ divis,
Inferias mittunt.
O faciles nimium, qui tristia crimina caedis,
Flumineâ tolli posse putatis aquâ!
Vous pensez que Dieu oubliera votre homicide, si vous vous baignez dans un fleuve, si vous immolez une brebis noire, et si on prononce sur vous des paroles. Un second homicide vous sera donc pardonné au même prix, et ainsi un troisième et cent meurtres ne vous coûteront que cent brebis noires et cent ablutions! Faites mieux misérables humains, point de meurtres et point de brebis noires.
Quelle infâme idée d’imaginer qu’un prêtre d’Isis et de Cybèle, en jouant des cymbales et des castagnettes, vous réconciliera avec la Divinité! Eh! qu’est-il donc ce prêtre de Cybèle, cet eunuque errant qui vit de vos faiblesses, pour s’établir médiateur entre le ciel et vous? Quelles patentes a-t-il reçues de Dieu? Il reçoit de l’argent de vous pour marmotter des paroles, et vous pensez que l’Être des êtres ratifie les paroles de ce charlatan!
Il y a des superstitions innocentes; vous dansez les jours de fêtes en l’honneur de Diane ou de Pomone, ou de quelqu’un de ces dieux secondaires dont votre calendrier est rempli: à la bonne heure. La danse est très agréable, elle est utile au corps; elle réjouit l’âme, elle ne fait de mal à personne; mais n’allez pas croire que Pomone et Vertumne vous sachent beaucoup de gré d’avoir sauté en leur honneur, et qu’ils vous punissent d’y avoir manqué. Il n’y a d’autre Pomone ni d’autre Vertumne que la bêche et le hoyau du jardinier. Ne soyez pas assez imbéciles pour croire que votre jardin sera grêlé, si vous avez manqué de danser la pyrrhique ou la cordace.
Il y a peut-être une superstition pardonnable et même encourageante à la vertu; c’est celle de placer parmi les dieux les grands hommes qui ont été les bienfaiteurs du genre humain. Il serait mieux sans doute de s’en tenir à les regarder simplement comme des hommes vénérables, et surtout de tâcher de les imiter. Vénérez sans culte un Solon, un Thalès, un Pythagore; mais n’adorez pas un Hercule pour avoir nettoyé les écuries d’Augias, et pour avoir couché avec cinquante filles dans une nuit.
Gardez-vous surtout d’établir un culte pour des gredins qui n’ont eu d’autre mérite que l’ignorance, l’enthousiasme, et la crasse; qui se sont fait un devoir et une gloire de l’oisiveté et de la gueuserie: ceux qui ont été au moins inutiles pendant leur vie méritent-ils l’apothéose après leur mort?
Remarquez que les temps les plus superstitieux ont toujours été ceux des plus horribles crimes.