Wir geben hier den Artikel Songes – Träume aus der ersten Ausgabe des Philosophischen Wörterbuchs von 1764 in französischer Sprache wieder.
Somnia, quae ludunt animos volitantibus umbris,
Non delubra deum nec ab aethere numina mittunt,
Sed sua quisque facit.
Mais comment, tous les sens étant morts dans le sommeil, y en a-t-il un interne qui est vivant? Comment, vos yeux ne voyant plus, vos oreilles n’entendant rien, voyez-vous cependant et entendez-vous dans vos rêves? Le chien est à la chasse en songe; il aboie, il suit la proie, il est à la curée. Le poète fait des vers en dormant; le mathématicien voit des figures; le métaphysicien raisonne bien ou mal; on en a des exemples frappants.
Sont-ce les seuls organes du la machine qui agissent? Est-ce l’âme pure qui, soustraite à l’empire des sens, jouit de ses droits en liberté?
Si les organes seuls produisent les rêves de la nuit, pourquoi ne produiront-ils pas seuls les idées du jour? Si l’âme pure, tranquille dans le repos des sens, agissant par elle-même, est l’unique cause, le sujet unique de toutes les idées que vous avez en dormant, pourquoi toutes ces idées sont-elles presque toujours irrégulières, déraisonnables, incohérentes? Quoi! c’est dans le temps où cette âme est le moins troublée qu’il y a plus de trouble dans toutes ses imaginations! Elle est en liberté, et elle est folle! Si elle était née avec des idées métaphysiques, comme l’ont dit tant d’écrivains qui rêvaient les yeux ouverts, ses idées pures et lumineuses de l’être, de l’infini, de tous les premiers principes devraient se réveiller en elle avec la plus grande énergie quand son corps est endormi: on ne serait jamais bon philosophe qu’en songe.
Quelque système que vous embrassiez, quelques vains efforts que vous fassiez pour vous prouver que la mémoire remue votre cerveau, et que votre cerveau remue votre âme, il faut que vous conveniez que toutes vos idées vous viennent dans le sommeil sans vous et malgré vous: votre volonté n’y a aucune part. Il est donc certain que vous pouvez penser sept ou huit heures de suite sans avoir la moindre envie de penser, et sans même être sûr que vous pensez. Pesez cela, et tâchez de deviner ce que c’est que le composé de l’animal.
Un général d’armée rêve qu’il gagne une bataille; il la gagne en effet; les dieux l’ont averti qu’il serait vainqueur.
On ne tient compte que des rêves qui ont été accomplis; on oublie les autres. Les songes font une grande partie de l’histoire ancienne, aussi bien que les oracles.
La Vulgate traduit ainsi la fin du verset 26 du chapitre XIX du Lévitique: «Vous n’observerez point les songes.» Mais le mot songe n’est point dans l’hébreu; et il serait assez étrange qu’on réprouvât l’observation des songes dans le même livre où il est dit que Joseph devint le bienfaiteur de l’Égypte et de sa famille pour avoir expliqué trois songes.
L’explication des rêves était une chose si commune qu’on ne se bornait pas à cette intelligence: il fallait encore deviner quelquefois ce qu’un autre homme avait rêvé. Nabuchodonosor, ayant oublié un songe qu’il avait fait, ordonna à ses mages de le deviner, et les menaça de mort s’ils n’en venaient pas à bout; mais le Juif Daniel, qui était de l’école des mages, leur sauva la vie en devinant quel était le songe du roi, et en l’interprétant. Cette histoire et beaucoup d’autres pourraient servir à prouver que la loi des Juifs ne défendait pas l’onéiromancie, c’est-à-dire la science des songes.