Certain, Certitude – Gewiss, Gewissheit (Originaltext)

Wir geben hier den Artikel Certain, Certitude (Gewißheit) aus der ersten Ausgabe des Philosophischen Wörterbuchs von 1764 in französischer Sprache wieder.


Quel âge a votre ami Christophe? — Vingt-huit ans; j’ai vu son contrat de mariage, son extrait baptistaire, je le connais dès son enfance; il a vingt-huit ans, j’en ai la certitude, j’en suis certain. »
A peine ai-je entendu la réponse de cet homme si sûr de ce qu’il dit, et de vingt autres qui confirment la même chose, que j’apprends qu’on a antidaté par des raisons secrètes, et par un manège singulier, l’extrait baptistaire de Christophe. Ceux à qui j’avais parlé n’en savent encore rien; cependant ils ont toujours la certitude de ce qui n’est pas.
Si vous aviez demandé à la terre entière avant le temps de Copernic: « Le soleil est-il levé? s’est-il couché aujourd’hui? » tous les hommes vous auraient répondu: « Nous en avons une certitude entière. » Ils étaient certains, et ils étaient dans l’erreur.
Les sortilèges, les divinations, les obsessions, ont été longtemps la chose du monde la plus certaine aux yeux de tous les peuples. Quelle foule innombrable de gens qui ont vu toutes ces belles choses, qui ont été certains! Aujourd’hui cette certitude est un peu tombée.
Un jeune homme qui commence à étudier la géométrie vient me trouver il n’en est encore qu’à la définition des triangles. N’êtes-vous pas certain, lui dis-je, que les trois angles d’un triangle sont égaux à deux droits? Il me répond que non seulement il n’en est point certain, mais qu’il n’a pas même d’idée nette de cette proposition: je la lui démontre; il en devient alors très certain, et il le sera pour toute sa vie.
Voilà une certitude bien différente des autres: elles n’étaient que des probabilités, et ces probabilités examinées sont devenues des erreurs; mais la certitude mathématique est immuable et éternelle.
J’existe, je pense, je sens de la douleur; tout cela est-il aussi certain qu’une vérité géométrique? Oui, tout douteur que je suis, je l’avoue. Pourquoi? C’est que ces vérités sont prouvées par le même principe qu’une chose ne peut être et n’être pas en même temps. Je ne peux en même temps exister et n’exister pas, sentir et ne sentir pas. Un triangle ne peut en même temps avoir cent quatre-vingts degrés, qui sont la somme de deux angles droits, et ne les avoir pas. La certitude physique de mon existence, de mon sentiment, et la certitude mathématique, sont donc de même valeur, quoiqu’elles soient d’un genre différent.
Il n’en est pas de même de la certitude fondée sur les apparences, ou sur les rapports unanimes que nous font les hommes.
Mais quoi! me dites-vous, n’êtes-vous pas certain que Pékin existe? n’avez-vous pas chez vous des étoffes de Pékin? des gens de différents pays, de différentes opinions, et qui ont écrit violemment les uns contre les autres, en prêchant tous la vérité à Pékin, ne vous ont-ils pas assuré de l’existence de cette ville? Je réponds qu’il m’est extrêmement probable qu’il y avait alors une ville de Pékin mais je ne voudrais point parier ma vie que cette ville existe; et je parierai quand on voudra ma vie que les trois angles d’un triangle sont égaux à deux droits.
On a imprimé dans le Dictionnaire encyclopédique une chose fort plaisante; on y soutient qu’un homme devrait être aussi sûr, aussi certain que le maréchal de Saxe est ressuscité, si tout Paris le lui disait, qu’il est sûr que le maréchal de Saxe a gagné la bataille de Fontenoy, quand tout Paris le lui dit. Voyez, je vous prie, combien ce raisonnement est admirable. Je crois tout Paris quand il me dit une chose moralement possible; donc je dois croire tout Paris quand il me dit une chose moralement et physiquement impossible.
Apparemment que l’auteur de cet article voulait rire, et que l’autre auteur qui s’extasie à la fin de cet article, et écrit contre lui-même, voulait rire aussi.