Wir geben hier den Artikel Ange (Engel) aus der ersten Ausgabe des Philosophischen Wörterbuchs von 1764 in französischer Sprache wieder.
Ange, en grec, envoyé; on n’en sera guère plus instruit quand on saura que les Perses avaient des Péris, les Hébreux des Malakim, les Grecs leurs Daimonoi.
Mais ce qui nous instruira peut-être davantage, ce sera qu’une des premières idées des hommes a toujours été de placer des êtres intermédiaires entre la Divinité et nous; ce sont ces démons, ces génies que l’antiquité inventa; l’homme fit toujours les dieux à son image. On voyait les princes signifier leurs ordres par des messagers, donc la Divinité envoie aussi ses courriers: Mercure, Iris, étaient des courriers, des messagers.
Les Hébreux, ce seul peuple conduit par la Divinité même, ne donnèrent point d’abord de noms aux anges que Dieu daignait enfin leur envoyer; ils empruntèrent les noms que leur donnaient les Chaldéens, quand la nation juive fut captive dans la Babylonie; Michel et Gabriel sont nommés pour la première fois par Daniel, esclave chez ces peuples. Le Juif Tobie qui vivait à Ninive, connut l’ange Raphaël qui voyagea avec son fils pour l’aider à retirer de l’argent que lui devait le Juif Gabaël.
Dans les lois des Juifs, c’est-à-dire dans le Lévitique et le Deutéronome, il n’est pas fait la moindre mention de l’existence des anges, à plus forte raison de leur culte; aussi les saducéens ne croyaient-ils point aux anges.
Mais dans les histoires des Juifs il en est beaucoup parlé. Ces anges étaient corporels; ils avaient des ailes au dos, comme les gentils feignirent que Mercure en avait aux talons; quelquefois ils cachaient leurs ailes sous leurs vêtements. Comment n’auraient-ils pas eu de corps, puisqu’ils buvaient et mangeaient, et que les habitants de Sodome voulurent commettre le péché de pédérastie avec les anges qui allèrent chez Loth?
L’ancienne tradition juive, selon Ben Maimon, admet dix degrés, dix ordres d’anges. 1. Les chaios acodesh, purs, saints. 2. Les ofamin, rapides. 3. Les oralim, les forts. 4. Les chasmalim. les flammes. 5. Les séraphim, étincelles. 6. Les malakim, anges, messagers. députés. 7. Les eloim, les dieux ou juges. 8. Les ben eloim, enfants des dieux. 9. Cherubim. images. 10. Ychim, les animés.
L’histoire de la chute des anges ne se trouve point dans les livres de Moïse; le premier témoignage qu’on en rapporte est celui du prophète Isaïe, qui, apostrophant le roi de Babylone, s’écrie(6): « Qu’est devenu l’exacteur des tributs? les sapins et les cèdres se réjouissent de sa chute; comment es-tu tombé du ciel, ô Hellel, étoile du matin? » On a traduit cet Hellel par le mot latin Lucifer; et ensuite, par un sens allégorique, on a donné le nom de Lucifer au prince des anges qui firent la guerre dans le ciel; et enfin ce nom, qui signifie phosphore et aurore, est devenu le nom du diable.
La religion chrétienne est fondée sur la chute des anges. Ceux qui se révoltèrent furent précipités des sphères qu’ils habitaient dans l’enfer au centre de la terre, et devinrent diables. Un diable tenta Ève sous la figure d’un serpent, et damna le genre humain. Jésus vint racheter le genre humain, et triompher du diable, qui nous tente encore. Cependant cette tradition fondamentale ne se trouve que dans le livre apocryphe d’Énoch, et encore y est-elle d’une manière toute différente de la tradition reçue.
Saint Augustin, dans sa cent neuvième lettre, ne fait nulle difficulté d’attribuer des corps déliés et agiles aux bons et aux mauvais anges. Le pape Grégoire Ier a réduit à neuf choeurs, à neuf hiérarchies ou ordres, les dix choeurs des anges reconnus par les Juifs.
Les Juifs avaient dans leur temple deux chérubins ayant chacun deux têtes, l’une de boeuf et l’autre d’aigle, avec six ailes. Nous les peignons aujourd’hui sous l’image d’une tête volante, ayant deux petites ailes au-dessous des oreilles. Nous peignons les anges et les archanges sous la figure de jeunes gens, ayant deux ailes au clos. A l’égard des trônes et des dominations, on ne s’est pas encore avisé de les peindre.
Saint Thomas, à la question cviii, art. 2, dit que les trônes sont aussi près de Dieu que les chérubins et les séraphins parce que c’est sur eux que Dieu est assis. Scot a compté mille millions d’anges. L’ancienne mythologie des bons et des mauvais génies ayant passé de l’Orient en Grèce et à Rome, nous consacrâmes cette opinion, en admettant pour chaque homme un bon et un mauvais ange, dont l’un l’assiste, et l’autre lui nuit depuis sa naissance jusqu’à sa mort: mais on ne sait pas encore si ces bons et mauvais anges passent continuellement de leur poste à un autre, ou s’ils sont relevés par d’autres. Consultez sur cet article la Somme de saint Thomas.
On ne sait pas précisément où les anges se tiennent, si c’est dans l’air, dans le vide, dans les planètes: Dieu n’a pas voulu que nous en fussions instruits.